2008, 2009, comme ça, l'air de rien...

Publié le par Canino

 

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En 2008, Braid m'a mis une claque bien froide derrière la nuque. Plus qu'un énième casse-tête retors ou un hommage en filigrane à Mario, ce jeu s'attarde sur la relation entre le joueur et le personnage joué. J'ai brutalement ressenti l'interaction entre ces deux mondes, à quel point lui et moi étions paumé/obsédé par les mêmes sentiments contraires, à base d'amour et de doutes fruités. Braid comporte bien sûr son lot de poésie et de messages cachés, sans quoi il n'aurait pas mérité sa place number one 2K8. Petit parenthèse, le jeu vidéo ne se résume pas seulement à un message pompeux ou un beau décor pour moi (attends de voir ce qui m'a fait bandé en 2009), mais il y a des pointes d'audace qui ne trompent pas, comme l'absence d'un monde 1 (qui se résume à quelques pas dans une ville en proie aux flammes) ou la dualité pouvoirs/émotions. A savoir que les pouvoirs obtenus sont tous des variations d'un même mécanisme : le contrôle du temps. Retour en arrière, anticipation, synchronisation : chaque possibilité, en plus de fournir son nouveau lot de prise de tête, se justifie scénaristiquement parlant, évoquant tantôt la nostalgie d'une relation amoureuse, la perte de l'être aimé ou l'obsession d'une soi-disant "princesse à secourir". Et puis l'alliance, symbole lourd de sens dans une relation qui, une fois sorti de sa poche, permet de ralentir l'écoulement du temps dans un périmètre donné.

La force de ce jeu, le vrai noyau autour autour duquel vient s'articuler ce gameplay à double sens,  provient des différents niveaux de lecture possibles qui mettent en corrélation des thèmes à première vue éloignés (réflexion sur l'Histoire, relation amoureuse, questionnement philosophiques, expériences personnelles) mais pourtant liés par un acteur précis : l'homme perdu dans ses passions, prêt à tout pour arriver à ses fins. Jonathan Blow, le créateur de cette petite perle indépendante, tresse une fresque émotionnelle sur la quête d'un homme et de ses obsessions, et pourtant libre d'interprétation, sans donner de coup de poing au joueur ou lui faire avaler de trop grosses couleuvres. Tout se déclenche subtilement, au rythme de la progression du joueur et des passerelles tendues à ses propres expériences, bercé par une musique relaxante et un game design champêtre. Et des casse-têtes d'enculé, mais vraiment.

 

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2008 aura marqué le retour des petits créateurs sur le devant de la scène grâce au dématérialisé. Ok. Ce petit coquin de 2009 nous permet de renouer avec un challenger qu'on pensait violé et enterré à jamais : le japonais inspiré et son sourire en coin. Mistwalker avait ouvert la marche un peu plus tôt, ici il s'agit de Platinium Games -pot pourri de créateurs fachés avec l'esprit corporate- et de deux jeux phares : Bayonetta et Madworld. Mon coup de coeur va pour le second, pour sa violence aussi gratuite que libératrice, mais aussi et surtout pour son parti pris graphique inédit. En quelques mots, du cell-shading (oui encore, décidément je suis super fan de ce procédé) et quatre couleurs : noir et blanc à la racine, un peu de jaune pour nous tenir la main, et beaucoup de rouge -selon notre âme d'artiste- pour repeindre joyeusement de confiture humaine l'écran de jeu. Le concept a su séduire le détracteur de télé-réalité que je suis : un concours retransmis en direct qui voit l'originalité du massacre récompensé (quelque chose que je suis prêt à financer dès demain si j'en avais les moyens). Tout ça en secouant joyeusement sa wiimote pour embrocher, empaler, élargir de l'intérieur tous les gentils intermittents qui se présentent à nous. Boude tant que tu veux qu'il faille secouer ton poignée habitué à autre chose, mais je reste bon client de ce genre de petit aparté semi-sportif. Surtout pour un jeu aussi fun, je préfère ça à des grosses vibrations dégueulasses qui viennent me sortir de ma léthargie sans que j'ai décidé de quoique ce soit. Du japonais décalé comme je l'aime, inattendu et décomplexé. Et putain de beau.


 

Prochain et dernier épisode du Top : 2010 !!!

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